Définition d'une "hausse en pourcentage",
d'un "pourcentage de hausse"

ou

comment Madame le Maire découvre le mode de calcul d'une augmentation fiscale en plein conseil municipal, le 6 décembre 2010...



Le 6 décembre 2010, durant les débats du conseil municipal, nous avons indiqué au micro que les taux additionnés de la taxe d'habitation et de la taxe foncière "passaient de 43% à 47% entre 2008 et 2010".

J'ai ajouté : "c'est-à-dire une augmentation de 9,4%...".

En effet, une augmentation de 4 points en pourcentage correspond à une hausse de 4%/43% = 0,094, soit 9,4% de hausse.

Ce raisonnement en "pourcentages de pourcentages" comporte pourtant un risque de confusion mathématique dans laquelle est maladroitement tombée Madame Santonja le 6 décembre.

En effet, pour toute réponse à ce constat que nous lui présentions, elle a martelé que "pas du tout", "passer de 43% à 47% correspond à une hausse de 4% et non 9,4%", bref, qu'on ne savait pas calculer une hausse fiscale...

... erreur pourtant typique d'un raisonnement mathématique erronné. En effet, pour prendre un exemple plus parlant : un taux fiscal de 10% passant à 15% correspond à une hausse de 50% et non de seulement 5%.

(pour une base de 200 €, l'impôt à payer passerait de 200 € x 10% = 20 € à 200 € x 15% = 30 €, donc +50%)

Devant mes vaines tentatives de démonstration, Madame Santonja a préféré me couper la parole, indiquant que je n'avais pas un "regard d'un financier, mais celui d'un comptable" et qu'après tout, nous avions "raison tous les deux", que c'était "une question de point de vue !"

Or, il se trouve que 1/ je ne suis pas "comptable" mais inspecteur des finances publiques, donc assez serein en matière de finances, 2/ le propos était quelque part assez peu respectueux vis-à-vis des comptables que je fréquente au quotidien et qui sont très bons dans cet exercice, et 3/ je pensais benoîtement qu'après un passage par maths sup & spé, suivi d'un diplôme d'ingenieur en chimie (ceci dit sans pédanterie mal placée...), j'étais en mesure de soutenir un petit débat quant à l'art et la manière de calculer correctement une hausse en pourcentage.

Cependant, devant les dénégations de notre édile qui persistait dans son erreur devant un public amusé, et lui rappelant qu'elle pouvait profiter des formations financées par le budget de la municipalité (mais qu'on refuse aux élus de la minorité...), je me suis donc résolu à faire appel à deux experts en matière financière, deux arbitres assis de part et d'autre de Madame le Maire ce soir-là : M. Jean OUSSET, adjoint aux finances, ancien doyen de la fac de droit et qui aime à rappeler (sans pédanterie non plus...) qu'il fût "professeur de comptabilité publique", et M. Patrick NICODEME, Directeur Général des Services de la mairie de Juvignac, technicien de haute volée et d'ailleurs rémunéré pour l'être.

Je les ai ainsi instamment prié tous deux "de bien vouloir publiquement confirmer ou infirmer mon calcul à 9,4%".

Et là... Rien. Le silence absolu. Assourdissant. Au point qu'à cette heure, nous attendons encore leur réponse !

Ils ont attendu, un demi-sourire aux lèvres, regards au plancher, incapables tous les deux de contredire et encore moins de soutenir l'infortunée mathématicienne en herbe, pourtant prise les deux pieds dans son tapis fiscal.

Mais surtout, Mme Santonja a donné la très fâcheuse impression de découvrir ce qu'elle aurait dû savoir depuis 27 ans en tant que Maire, dont la fonction est, rappelons-le, de décider des variations fiscales dans une commune...

Car, et venons en au fait : au delà de cet épisode tragi-comique, c'est bien de la responsabilité devant les citoyens dont il s'agit. On peut légitimement se demander comment un maire raisonne quand il se lève un matin et pense proposer une "légère augmentation des impôts" dans sa ville ?

A suivre son raisonnement, il semble que Madame Santonja ait pu se dire, par un beau jour de mars 2010 : "bah... après tout, 4% de hausse fiscale en deux ans, c'est assez peu, et puis surtout, ce n'est pas comme si je les avais augmentés de 9,4% !"


Jean-Luc SAVY
P/ Réunir Juvignac

le 10 décembre 2010
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